« Et si nous vous racontions un conte des temps modernes ? »  

Hier soir, je racontais le conte de « la Belle au bois dormant » à mon petit-fils :

Il était une fois… un pays enchanté
Il était une fois… un palais enchanté
Il était une fois…. une forêt enchantée

C’est ce que l’on racontait et que l’on raconte encore (?) aux enfants pour les endormir le soir…d’ailleurs, plus ou moins facilement !
D’où sans doute l’expression « un conte à dormir debout » !

 

Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai pas lu ou entendu un conte commençant par « il était une fois un couple enchanté »  ou « il était une fois une famille enchantée » ! A croire que ni l’un ni l’autre n’existent en vrai ou en conte ? Et pourtant voilà, me semble-t-il, un bon sujet de conte à raconter aux enfants.

Wikipédia nous dit « le mot conte désigne à la fois un récit de faits ou d’aventures imaginaires. Il vise à distraire ou à édifier, il porte en lui une force émotionnelle ou philosophique puissante. Cependant, il est distinct du roman, de la nouvelle et du récit d’aventures par l’acceptation de l’invraisemblance. »
Nous y voilà « l’acception de l’invraisemblance » ! C’est bien ce que je pensais … raconter l’histoire d’un couple enchanté serait donc de l’ordre de l’invraisemblance ?

Relevons le défi et bâtissons le conte du couple enchanté version 21ème siècle et voyons si l’invraisemblance est toujours de mise à l’aube du 3ème millénaire et surtout, changeons l’ordre habituel des choses où le riche seigneur sauve la pauvre bergère, où le chevalier vient réveiller la belle (et inutile) endormie ! Et si, dans nos nouveaux contes, c’était la Dame bien née, qui sauvait ou réveillait le pauvre Chevalier malchanceux ou incompétent (et inutile) ?
Pour ce faire, il nous faut :

  • Un titre : « la gente Dame et le Chevalier à la parole magique »
  • Un héros : un Chevalier
  • Des obstacles à vaincre : des difficultés matérielles
  • Un ennemi redoutable; un dragon
  • Une aide miraculeuse : une formule ou une potion magique
  • Un objectif : sauver le héros !
  • Un récit de faits qui pose un regard sur la réalité, par le biais du merveilleux ou du fantastique.

Il était une fois, un homme et une femme (aujourd’hui les contes peuvent intégrer de nouvelles données : 2 hommes ou 2 femmes… mais  restons dans une tradition traditionnelle) qui travaillaient dans la même firme et pour le même Seigneur. Ils ressentaient l’un pour l’autre une vive attraction, au point de vouloir s’unir rapidement pour non pas  fonder une famille, ils en avaient déjà chacun une, mais pour, selon la formule de l’époque, en recomposer une.
 
Lui, se disait preux Chevalier mais malheureux en affaires, ayant perdu moult batailles de vie et de surcroît. Souffrait d’être mal aimé, ou plus aimé du tout, par son Épouse du moment, qui lui reprochait, outre, de ne construire des châteaux qu’en Espagne, son incapacité à gagner sa vie … à part faire des enfants ! Il lui en avait quand même fait avec fougue et passion 3 ou plus (le conte ne le précise pas vraiment) et ne savait en réalité, pas faire grand chose, sauf bien parler.
 
Car ce pauvre Chevalier sans fortune, avait hérité d’un pouvoir dit magique : la parole ! II parlait ! Il parlait si bien, sa voix se faisait musique. Il racontait de belles histoires et exprimait son amour à la nouvelle dame de son cœur, de manière aussi suave que charmante, au point qu’elle s’endormait rien qu’en l’écoutant.
 
Hypnotisée par tant de paroles au goût de miel… la Dame, veuve et sans enfants à nourrir,  issue d’une lignée noble et fortunée, contrairement à sa cousine Cendrillon, n’avait jamais trouvé chaussure à son pied, qu’elle avait d’ailleurs grand et bien tourné… pensait avoir découvert, en cet étonnant bateleur de la parole, les fameuses bottes de 7 lieues dont elle avait tant entendu parlées dans son enfance, en même temps que du Père Noël et de la Licorne.
 
Le Chevalier, sans terre et sans bien, n’avait point de deniers pour construire un palais digne de sa bien-aimée. Il logeait dans le 3 pièces prêté par son ex-épouse et attendait chaque mois, de Son Suzerain, l’ANPE, une  petite rente à peine suffisante à nourrir les 3 enfants dont il avait désormais la garde alternée.
 
Mais il était plein de projets et voulait prouver valeur et bravoure à la dame de ses pensées, qu’il avait rendue, grâce à ses paroles  magiques, aveugle et sourde aux réflexions inquiètes de son entourage. En retour, elle lui prêtait, sa foi, sa confiance et parfois même son logement.
 
Tout semblait aller pour le mieux, mais un jour tout s’emballa très vite, l’ex-Épouse reprit l’appartement prêté, et au même moment une terrible peste frappa le royaume, fermant les frontières, mettant à mal les projets d’un avenir meilleur de notre gentil bateleur et laissant entrer un affreux  dragon : le chômage !
 
Ce dragon dévorait les économies des plus pauvres et pillait les rêves des plus humbles. La Dame se languissait  de savoir son Chevalier, qui parlait si bien, aux prises avec des dettes qui s’aggravaient chaque jour un peu plus et la geôle qui l’attendait. Un beau jour, le coursier vint lui porter la terrible nouvelle : le Chevalier était prisonnier du Dragon. Sa libération se ferait en échange du paiement de moult loyers impayés et des  agios de ses nombreux découverts bancaires….
 
La Dame ne pouvait se résoudre  à ne plus entendre la voix si magique, car plus personne ne lui raconterait de si belles histoires. Un matin, elle vendit ses terres, fit atteler son carrosse et fila se rapprocher de son amoureux.
 
Décidée à négocier avec le Dragon, elle ouvrit sa cassette pour acquérir logement et véhicule, et participer à s’occuper des 3 enfants une semaine sur deux. Heureusement, le Suzerain de leur Royaume, cousin éloigné par alliance de la gente dame, se fit généreux et accepta de délier sa bourse pour aider le Chevalier à rester sur ses terres et à conserver quelque dignité.
 
La Dame dotée d’un bel esprit, l’encourageait à faire front, elle astiquait même son armure pendant qu’il lui contait, de manière si exquise, comment demain il vaincrait le dragon et la peste, comment il lui construirait le plus beau des palais, comment il la couvrirait d’or et d’argent…. Demain !
Les « demain » passaient et de château et d’or, point !
 
La Dame désespérait de voir son Chevalier combattre des moulins et des chimères. Elle fit appel à la Fée Magicienne, marraine de sa cousine Cendrillon avec qui elle était restée en bons termes, et lui demanda aide et secours.
 
La Fée Magicienne réfléchit… on lui avait déjà demandé de changer un âne en cheval de course, mais jamais un pauvre et malchanceux Chevalier en un riche et talentueux Seigneur… hum… que faire… ? Une idée un peu folle …. Obtenir les numéros du loto, (ce jeu de la chance était très prisé et en effervescence en ce siècle nouveau) serait la potion magique pour mettre fin aux tourments financiers de ce petit  Chevalier, si beau parleur, et le délivrer du Dragon. La Fée Magicienne se rendit chez leur Oncle Merlin dit l’Enchanteur, il était vieux et un peu sénile, mais encore capable de faire apparaître un lapin dans un chapeau, alors l’exercice du loto devrait être facile pour lui…
 
Munie des 6 numéros du loto, la Fée Magicienne rejoignit la Dame, lui recommandant de les jouer une nuit de pleine lune, lorsque son autre cousine, la méchante Fée Carabosse, tournerait le dos au monde.

    À vos réflexions !

    Et ….. hum… là, chers Lectrices et  Lecteurs, je suis à cours d’idée… je vous invite à me proposer un dénouement dont l’invraisemblance serait digne d’un conte du 21ème siècle, c’est-à-dire, d’un conte à dormir debout !

    Je publierai vos propositions dans le billet 12 intitulé « suite et fin du conte de la Gente Dame et du Chevalier à la parole magique ».

     
    A vos claviers, j’attends avec impatience vos suggestions.