Bouder est un comportement jugé enfantin, mais que nous avons tous plus ou moins pratiqué et qui ressemble plus à une stratégie d’échec qu’à une méthode miracle pour obtenir ce que nous désirons…L’autre jour, mon ami Claude (oui j’ai plein d’amis !) me raconte que son collègue François  ne lui parle plus depuis une prise de position un peu forte lors d’une réunion de travail. Ce collègue ne lui a rien dit sur le coup mais depuis il ne le salue plus…et son silence est lourd de sous-entendus.

 François fait la gueule (oui ça se dit aussi comme ça) parce que quand même, CA NE SE FAIT PAS ou tout autre raison liée à ses valeurs foulées aux pieds « ça mérite bien ça et ça lui apprendra à ce guignol de Claude, ce co…. » (Pardon  je m’emporte). La désapprobation silencieuse et plaintive… N’avez-vous jamais connu quelqu’un  se draper dans une dignité offensée, se murer dans un mutisme prêt à aspirer le moindre murmure dans le vaste trou noir de la réprobation ? D’ailleurs, qui d’entre nous n’a pas cédé une fois ou deux (voire plus, mais bon, nous, ce n’est pas pareil…) à la tentation de cacher ses remontrances derrière le voile faussement pudique de sa bouche cousue?

Evidemment, la plupart du temps, loin de nous l’intention de manipuler (n’est-ce-pas lecteur ?): le silence de la bouderie est un appel du pied maladroit, une difficulté  à exprimer son mécontentement, en étant convaincu que ses plates-bandes ont été piétinées, ses bornes largement dépassées. Le problème, c’est que battre froid notre entourage, c’est surtout un excellent moyen de s’attirer l’inverse de ce que nous voulons, et finir abandonnés par des interlocuteurs exaspérés. Une formidable stratégie d’échec, cette bouderie…

Si vous êtes François, n’attendez pas que les bornes aient été franchies: apprenez aux autres à être en relation avec vous en clarifiant vos attentes et en exprimant vos besoins.

Si vous êtes Claude, face au regard lointain du boudeur qui souffre en silence avec des airs de victime de votre incommensurable absence de considération, vous pouvez lui expliquer que vous êtes prêt(e) à l’écouter quand il sera en mesure de vous exprimer clairement et posément ce qui le chagrine. Et vaquez à vos occupations comme si de rien n’était sans vous laisser culpabiliser. Et lorsqu’il se décidera à venir vous parler, rappelez-vous que cela lui est difficile, que la susceptibilité, c’est la sensibilité des autres, ce qui signifie que votre boudeur est vulnérable. Accueillez-le avec bienveillance.

Ravie d’avoir réconcilié Claude et François !